Le blog de Jac Forton sur l'Amérique latine
SESSION DU LUNDI 13 DECEMBRE 2010 
mardi 14 décembre 2010, 12:18 AM
Session du lundi 13 décembre 2010

Le Président de la Cour rappelle les procédures nécessaires à la régularité des procédures.
Me Katz présente un livre qui contient des photos et des dessins d’actes de torture : (bonne) surprise, c’est mon premier livre « 20 ans de lutte contre l’impunité au Chili » !!

Premier témoin : Eduardo Herrera Navarete
Ex cadre supérieur de l’INDAP, lié à la CORA pour la gestion de la Réforme agraire.
On a travaillé jusqu’à 6 mois avant le coup d’Etat dans la zone de Lautaro. La situation était compliquée. Dès 1969, il fallait faire face à des groupes d’extrême-droite, presque paramilitaires, très proches de la FACH (Force aérienne du Chili). On recevait sans arrêt des menaces. Les agents de l’Etat étaient considérés comme des ennemis par les grands propriétaires terriens.
Puis il y a eu les grèves de 1970, où ces groupes étaient très actifs. Lors des grèves, la FACH avait torturé à Neltume. Les camions privés avaient trouvé refuge dans la base militaire de Manquehue pour empêcher que l’Etat puisse les réquisitionner.
Il y avait eu 3 millions d’hectares de terres expropriées sous le président DC Frei, Allende en a exproprié 6 millions. Il y avait des situations de conflit permanent…
Pesle travaillait beaucoup avec les pauvres et les petits paysans mapuche. Du coup, il était considéré comme dangereux.

Lors du coup d’Etat, je suis arrivé à Temuco quelques jours plus tard. Pesle et bien d’autres étaient prisonniers dans une pièce à l’Indap. Luis Gomez, une connaissance, a permis que Pesle rentre chez lui.
Un jour, les militaires sont venus le chercher à l’INDAP. Des soldats avec des armes longues et un officier avec une arme de poing dont quelqu’un dit que c’était un pilote civil de Canete. C’est la dernière fois que j’ai vu Etienne Pesle… Je sais qu’il n’était pas à la prison de Temuco… Il n’y est jamais arrivé…

J’ai vu plusieurs fois Haydée, sa femme, quelqu’un de très courageux, je lui rends un grand hommage. Elle m’a expliqué toutes les démarches qu’elle a faites pour retrouver son mari.
J’ai voulu mettre des noms sur les militaires qui l’avaient arrêté. Vers 2000, deux personnes ont confirmé : il s’agit de Miguel Manriquez et Emilio Sandoval Poo. J’ai reconnu ce dernier sur une photo.
Manriquez a fait une déclaration dans laquelle il ne dit rien et est décédé.
Il n’y a jamais eu d’enquête officielle sur la disparition de Pesle par la justice chilienne.

En réponse au Président du tribunal :
J’ai été arrêté, accusé d’avoir monté un hôpital clandestin : j’ai fait 6 mois. Après j’ai été de nouveau arrêté 5 mois mais on ne m’a jamais dit pourquoi. Il y avait de gens arrêtés. L’OBJECTIF ETAIT DE FAIRE PEUR…
Je me suis réfugié à Genève où je suis assistant social.
Il faut remarquer le courage de Haydée Pesle pour les démarches de recherche en pleine dictature. Elle a ensuite mandaté un détective privé du nom de Pedro Matta, pour poursuivre les recherches. Il était connu que 100 % des détenus étaient torturés et qu’il y avait beaucoup de disparitions. Je confirme que Sandoval Poo était nommé comme l’officier qui a arrêté Pesle…

Echange avec l’Avocat général :
- Y a-t-il eu des listes dans la presse locale ?
- Oui dès le 12 septembre.
- Pesle y était-il ?
- Je ne sais pas.
- Vous avez été interrogé sur Pesle ?
- Non, ça nous a étonné : personne à l’INDAP n’a jamais été interrogé sur son arrestation.
- Haydée a-t-elle été menacée ?
- Oui, elle a été agressée chez elle par des policiers en civil. Il lui ont donné des coups sur la tête qui lui ont fait perdre l’ouie droite.
- Il n’y a eu aucune enquête avant 1990 ?
- Non, aucune, je suis sûr à 100 %...
- Vous avez été torturé ?
- Oui, par les carabineros (police en uniforme) puis par Investigaciones (police en civil).
- Ils sont venus chercher Pesle avec une Chevrolet C 10 blanche avec les sigles de la Banco del Estado de Lautaro.
- Vous êtes certain que c’est Sandoval Poo sur la photo ?
- J’ai une vive conviction que c’est Poo sur la photo.
- La répression a été dure contre les Mapuche ?
- Oui, plusieurs documents le montrent. Surtout contre les petits paysans dans la région Villarica, Lautaro, Galvarino et Temuco vers la côte.


Témoin : M. Mario Nahuelpan Pascual
Prêtre, actuellement à Monréal au Canada.
Le 19 septembre, j’étais dans ma paroisse. Arrivent 3 jeeps de la FACH, ils m’attachent et m’emmènent à la base de Maquehue. Là, dans une pièce, attaché, les yeux bandés, tout à coup quelqu’un me prend le bras et me dit son nom. Je ne comprends. Il répète son nom. Je ne comprends pas. Il me dit –Je suis prêtre, je suis Français, je suis marié, je travaille à l’INDAP. Puis, il disparaît…
On m’envoie au Régiment Tucapel où je suis torturé à l’électricité. Il m’appelle curé communiste. Après, avec 2 autres prêtres, on m’envoie en Argentine grâce à l’évêque Pinera de Temuco. Un d’entre, M. Alarcon devait être exécuté mais il a pu s’échapper. Un autre est mort… Je suis parti au Canada.
Des amis m’ont demandé de témoigner au procès de Paris. Je suis venu…

En réponse au Président de la Cour :
Quelles tortures ? Frappé dans le dos, puis de l’électricité. Je suis transféré au Régiment Tucapel, où je suis aussi torturé à l’électricité… Cela laisse des traces mentales, pas physiques. Je pense souvent à cette période.
Pourquoi tuer des prêtres ? Nous travaillions avec les pauvres. Le gouvernement avait un programme pour le développement de la personne : la dignité, l’éducation, la santé, le travail. Alors on était considérés comme des prêtres communistes, ce qui attirait la répression.
On est toujours entre la vie et la mort quand on est arrêté. On est seul face à la puissance de la FACH, ils font de toi ce qu’ils veulent. Je me suis dit : -Si c’est le moment, c’est le moment (de ma mort…)
Alarcon a reçu une balle dans la cuisse et dans la poitrine et tombe dans un canal petit mais avec un fort torrent qui emmène son corps. Il entend que les militaires disent – Le curé a eu son compte. Mais il survit, se cache et parvient à partir en Argentine. Mon ami le docteur Eduardo Gonzalez a été tué aussi, disparu de Maquehue.
Je remercie la Cour d’exister et merci à votre pays…

Témoignage de Viviana Uribe
Présidente du CODEPU, partie civile au procès plutôt que témoin précise le Président.

C’est un honneur d’être ici à ce procès qui a une valeur historique. Le CODEPU existe depuis 1980 pour lutter pour la Vérité et la Justice et contre l’impunité. Nous avons été perquisitionnés, persécutés, réprimés, incendiés, des membres ont été emprisonnés, un membre a été tué à Concepcion, et le dernier assassiné de la dictature, Jecar Neghme dont le père aussi a été tué, sortait d’une de nos réunions en septembre 1989.
IL S’AGIT DE RECUPERER UN FRAGMENT DE VERITE HISTORIQUE POUR LES NOUVELLES GENERATIONS.
En 1987, j’entre au CODEPU après l’exil. On a commencé par un travail d’enquêtes, essayer d’organiser les ex prisonniers politiques, non seulement pour chercher le destin des détenus-disparus (DD) mais aussi pour trouver le nom des tortionnaires et des responsables.
Nous donnons des listes de DD à la Commission Vérité et Réconciliation mais aussi celui de tortionnaires.
En 2000, nous avions 1.500 témoignages présentés avec insistance pendant 20 ans pour que se crée une Commission nationale de la torture. Les familles des DD trouvaient toujours les portes closes, surtout chez le pouvoir judiciaire. On a mis tous les noms des responsables dans un livre appelé « Pages en blanc », pages avec le nom des tortionnaires connus à l’époque et qu’il fallait continuer à remplir. Nous avons aussi écrit un livre sur les femmes enceintes disparues, et sur les Chiliens morts à l’étranger (où apparaît Claudet avec 62 autres personnes). De 74 à mi-75, la DINA a fait disparaître 375 personnes. Tous les noms de ce procès sortent déjà là comme responsables.
GARANTIR LE DROIT A LA VERITE ET A LA JUSTICE EST IMPORTANT PAS SEULEMENT POUR LES 4 ICI. ICI REPOSE LA CONFIANCE EN LA JUSTICE.
Et cette confiance, nous l’espérons, sanctionnera les responsables.
Ce procès me rend l’espoir. Thomas Mann écrivait :
« Depuis que ceci est arrivé,
Notre âme n’a plus de repos ».

En réponses au Président :
- Le nombre des DD est de plus de 1190 mais c’était tous des responsables, des leaders, donc importants dans les organisations, les partis, les familles, les localités et la société. Le dommage est immense.
- Les 2 Commissions (Rettig et Valech) ? Temps et diffusion limités. Les Commissions ont importance énorme, pour le Chili mais aussi pour l’humanité. Elles enregistrent tout ce qui s’est passé à chaque moment et dans chaque ville. En qualifiant la victime de victime, on lui donne une certaine réparation, mais aussi à sa famille et à la société. Le plus difficile est d’identifier les responsables.
Aujourd’hui, la justice est étrange. De plus de 300 agents condamnés, seuls 51 sont en prison. Et c’est une prison confortable pour ces assassins (Punta Peuco), une prison dorée… Ceux qui n’ont pas eu le courage de venir : ils disent toujours qu’ils sont analystes, employés, fonctionnaires. Ils n’ont jamais accepté la responsabilité de leur grade.
Pour qu’il y ait quelques succès, il faut des juges concernés, des avocats concernés, des survivants qui dévoilent toutes les formes et méthodes de la répression, des familles disposées à obtenir la vérité, un réseau de témoins.
Le Président : Seul Romo Mena a parlé, avec des précisions sur Chanfreau…

En réponse à Me Sarfati :
Toute ma famille a subi la répression. Moi aussi. En 1974, la Dina était à son top, c’est pourquoi je connais beaucoup d’agents. J’ai été torturée puis envoyée à Tres Alamos où j’ai rencontré Erika Hennings. Après ce fut une longue vie de rencontres…

L’importance de l’opinion publique internationale ? Il est très important de la mobiliser.
LA SOLIDARITE INTERNATIONALE A ETE ESSENTIELLE. CE PROCES L’EST AUSSI…
Le plus difficile, ce sont les gens pauvres des zones éloignées. Ils n’ont pas accès à des avocats et ne peuvent porter plainte.

En réponse à M. l’Avocat général :
La est un élément transversal de la répression. Elle est partout. La Comm. Valech a reçu 35.000 témoignages et retenu 22.000. LA TORTURE ETAIT UNE POLITIQUE D’ETAT.


Déclaration de Roberto Garreton

Au coup d’Etat, j’étais membre de la DC. Nous étions choqués, mais alors on a aidé les amis et les collègues, c’était le moment de défendre les droits humains.J’ai travaillé au Comité Pro Paz puis au Vicariat de la Solidarité de l’Eglise catholique. J’ai assisté à 103 Conseils de guerre. On a déposé des milliers d’Habeas Corpus (recours obligeant les autorités à montrer un détenu au juge).
IL N’Y A PAS EU UNE SEULE ARRESTATION CONFORME AUX LOIS, MEME PAS AUX LOIS DE LA DICTATURE !
Le coup s’est préparé bien avant le 11 septembre. Des gens ont été arrêtés les 7, 8 et 9 septembre car le coup avait de fait déjà commencé.
Les « Bandos » (annonces de la Junte militaire) régissaient la vie. Le Bando 30 du 17 septembre dit : « Pour chaque innocent qui tombe, seront exécutés 10 éléments marxistes indésirables ». Deux jours plus tard, Pesle disparaissait…

Le pouvoir judiciaire s’était mis du côté des militaires. Le président de la Cour suprême ne déclarait-il pas : « Je manifeste publiquement ma complète complaisance avec les déclarations du gouvernement militaire ».
Fin 1974, on commence à se demander où sont toutes les personnes qui ont été arrêtées. On parlait alors de « personnes absentes ». Avec la DINA, ils deviennent des disparus.
Toute notre lutte était pour savoir la vérité. La droite chilienne aujourd’hui dit qu’elle ne savait pas. Mensonges ! Claudet et Chanfreau ont été victimes de la DINA.
Il y a deux méthodes de répression : par des instruments légaux, par des actions criminelles.
Actions criminelles : DD, tortures, secrets militaires, lois d’amnistie, exil forcé, etc, tout cela accepté par la CS.
Instruments légaux : Etat de siège donc aucun recours judiciaire, utilisation de la justice militaire, pas de procédure qui respecte l’Etat de droit. Au mieux, les Habeas Corpus ont réduit un petit peu l’intensité des prisonniers en question.
Il y a eu des violations systématiques des droits humains, selon un programme pré-établi. Ce furent des violations institutionnelles. Ils nous ont volé tous nos droits.

Aujourd’hui, les juges ont reconnu 20 ans plus tard ce que nous disions dès le début. La justice dépend de l’équilibre des juges de la Cour suprême. Ils sont 5 à juger. Cela dépend des maladies, des présents si c’est 3-2 dans un sens ou dans l’autre !

Que pense-t-on du procès au Chili ? On ne pense rien. A part quelques magazines, la presse quotidienne ne s’y intéresse pas. Elle est contrôlée par la droite.

Arrestation de Pinochet à Londres a produit deux effets :
- Effet Garzon : la justice est possible ;
- Effet Pinochet : les inculpés ne pourront plus jamais quitter le Chili sans se faire arrêter.

Ils disent qu’il y avait l’Etat de guerre. Mais contre qui ? Ils parlent d’ennemis : les partis de gauche et du centre ; c’est la moitié du pays ! Quand a-t-elle commencé ?



Déclaration de M. Neponucemo Paillalef Lefinao

Ancien sous-directeur de l’INDAP à Temuco.
Allende avait chargé Etienne Pesle d’un rapport sur l’occupation de terres par des petits paysans. Il va sur le terrain ; apparaît le propriétaire terrien qui le menace.
Après le coup, il est arrêté et relâché en disant : « Le lion n’est pas si redoutable ». Il est de nouveau arrêté. Je me suis renseigné. On me disait : il n’y a pas de solution, on n’en parle plus…

Lors de déclarations à Pedro Matta, j’ai dit :
On m’a dit que la patrouille était dirigée par Emilio Sandoval Poo. Puis Sandoval vient me demander mon aide . Je lui ai dit : - Comment puis-je t’aider si tu ne dis pas la vérité ? Poo est un homme d’affaire très prospère.
IL SE DIT TRES MALADE MAIS QUAND ON LE VOIT DANS LA RUE, ON SE DEMANDE CE QU’IL POURRAIT BIEN AVOIR !
C’est des excuses pour ne pas venir.
Plusieurs témoins à l’arrestation de Pesle à l’INDAP. Il y a eu des pressions sur des témoins pour qu’ils ne viennent pas témoigner.

Je sais que Pesle était un homme bien et bon. C’est une grande contradiction avec comment la droite le décrit, et cela nous indigne. Il n’y a jamais eu d’enquête au Chili.
Pourquoi je suis ici ? Quand il a été arrêté, je n’ai rien fait. J’avais 4 enfants. Maintenant je peux…


Témoignage de Roberto Pesle (fils d’Etienne)

J’avais 7 ans. J’ai essayé de ne pas en faire un dieu pour pouvoir simplement l’aimer.
Chez nous les militaires ont tout saccagé pour chercher des armes. Ma mère, mon oncle et ma tante ont commencé à le chercher.
J’ai donc vécu dans un univers de femmes. A l’internat, j’étais avec des gens aisés où Pinochet était un héros. Les fins de semaine, j’étais au milieu de militantes, de résistantes, visites aux PP, avec des gens pauvres…
Ma mère a été attaquée à la maison. On a quitté le Chili après 8 ans en dictature.
APRES 37 ANS, JE DEMANDE QUE JUSTICE SOIT FAITE, VERITE RESTITUEE, REPARATION. JE PARLE AU NOM DE TOUTES LES FAMILLES DE DISPARUS.
Ce n’est pas le doute qui nous rend fous, mais la recherche de la vérité. La vérité ne vaut que si elle est partagée.
Je suis prêt à affronter ces lâches. La légitimité de ce procès vient du manque de justice au Chili. Ma mère a trainé un cercueil vide pendant 37 ans. Quand Pinochet a été libéré à Londres, j’ai pleuré d’impuissance.
Il faut lire la page, mais aussi l’écrire. C’est ce qui se passe aujourd’hui.
On attend depuis tant de temps. Je m’approprie ce procès et j’espère qu’il servira à d’autres…


Témoignage de Hubert Pesle, frère d’Etienne.

Je suis allé au Chili en 1974 pour retrouver Etienne. Nous avons rencontré des gens avec l’aide du Père Robert : des religieuses, la Crix rouge, le consul de France à Temuco, M. Alzuget ; le comité Pro Paz. Un père canadien nous dit que beaucoup de gens sont fusillés sur des ponts et les corps jeté à l’eau. Le courant les entraine vers les réserves mapuche. Quand ils les trouvent, les Mapuche les enterrent…
On est allés au Vicariat de la Solidarité, à la poblacion La Victoria.
Nous n’avons trouvé aucune trace d’Etenne.

Le Président de la Cour lit alors une série de déclaration de témoins qui montrent la participation de Emilio Sandoval Poo à l’arrestation, interrogés par le détective privé Pedro Matta mandaté par Haydée Pesle : M. Lara, Aguilera Salas, Victor Figueroa, Guillermo Diaz, Riquelme Inostroza, Gabriela Nera, Wilfredo Alarcon, le prêtre abattu qui a survécu et est parti en Argentine,
Interrogé par Matta en janvier 2001 par téléphone, Sandoval Poo lui dit que « tout cela a bien valu la peine car le pays avait été attaqué par les communistes, qu’il était fier de ce qu’ils avaient fait… »
Après, que lui n’avait pas réalisé d’opérations de guerre. A la fin, il dit au détective qu’il ne peut l’aider plus loin et il coupe la communication.

Le Président de la Cour remarque que Emilio Sandoval Poo, en liberté au Chili, ne s’était pas fait représenter au procès.






Ajouter un commentaire ( 17 lectures )   |  permalien   |   ( 3 / 906 )

<< <Précédent | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | Suivant> >>