Le blog de Jac Forton sur l'Amérique latine
UN AUTRE MILITAIRE ASSASSIN LIBRE ! 
jeudi 27 octobre 2011, 08:17 PM
5 ans de prison avec sursis pour 13 assassinats !

La justice chilienne reprendrait-elle ses vieilles habitudes de libérer les militaires assassins ?
On pourrait le craindre. Elle vient de libérer un assassin. Explication :
Quinze jours après le coup d’Etat du 11 septembre 1973, les militaires font irruption dans les Ateliers Ferroviaires de la ville de San Bernardo, faubourg sud de Santiago. Onze ouvriers, membres du Parti communiste, sont arrêtés et disparaissent. On saura beaucoup plus tard qu’ils ont été emmenés à l’Ecole d’Infanterie de San Bernardo, torturés, envoyés au centre de détention de Chena puis exécutés par les militaires qui prétendent qu’ils « ont tous voulu s’échapper et que les soldats ont été obligés de tirer… » Les deux autres victimes sont de jeunes conscrits opposés au coup d’Etat.
Le commandant du camp était le brigadier général Víctor Pinto Pérez.
Après le retour de la démocratie et surtout après l’arrestation de Pinochet à Londres, une nouvelle génération de juges a enquêté sur de nombreux cas de violations des droits humains durant la dictature, tortures et assassinats, et emprisonnés plusieurs hauts-gradés.
La Cour d’Appel de San Miguel (Santiago) avait ainsi condamné le brigadier Pinto Pérez à 20 ans de prison pour ces 13 assassinats. La Cour Suprême vient de réduire cette peine à 5 ans avec sursis, c’est-à-dire en liberté !

Les victimes sont Ramón Vivanco Díaz, Adiel Monsalves Martínez, Manuel González Vargas, José Morales Álvarez, Arturo Koyck Fredes, Joel Silva Oliva, Roberto Ávila Márquez, Alfredo Acevedo Pereira, Raúl Castro Caldera, Pedro Oyarzún Zamorano y Hernán Chamorro Monardes.
Les deux conscrits sont Manuel Rojas Fuentes y René Martínez Aliste.

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GEORGES KLEIN IDENTIFIE 
jeudi 27 octobre 2011, 07:03 PM
Les restes de Georges Klein rendus à sa famille
En 1978, par ordre secret provenant directement du général Pinochet, les militaires se mettent à rechercher les fosses communes dans lesquelles ils ont enterré les victimes de la répression qui suivit le coup d'Etat du 11 septembre.
La découverte en 1978 du corps de 15 disparus dans des anciens fours à chaux à Lonquén (30 km au sud de Santiago) démentait toutes les déclarations officielles de la dictature qui prétendait que « il n’y a pas de disparus au Chili ».
La junte militaire et Pinochet prennent peur et déclenchent alors l’opération «Retrait des téléviseurs»: il s’agit d’exhumer les corps de leurs victimes et de s’en débarrasser une fois pour toutes en les jetant à la mer. Ce qui fut fait.
Mais mal fait, heureusement. Les fosses communes sont vidées au moyen d’excavatrices, laissant derrière elles, une foule de petits éléments : vertèbres, petits os, fragments d’os, morceaux de vêtements, des dents, des phalanges, etc. Ces pièces permettront d’identifier un grand nombre de disparus grâce à leur ADN.
C’est le cas de Georges Klein. Ses quelques restes avaient été exhumés en 2001 d’un puits situé dans l’ancien Fort Arteaga (à 20 km au nord de Santiago), un terrain de manœuvre du régiment Tacna de Santiago. Toutes les personnes qui avaient défendu le Palais de La Moneda aux côtés du Président Allende le jour du coup d'Etat, avaient été conduites au Tacna et torturées. Deux jours plus tard, elles furent emmenées au Fort Arteaga, exécutées et faites disparaître sous des mètres de terre.

Accompagné de sa famille, Georges Klein a été enterré le 28 octobre 2011 au Memorial des Détenus Disparus du Chili dans le cimetière général de Santiago.
Nos pensées vont à sa famille, amis et companeros.

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PHOTOS DES TORTIONNAIRES ET ASSASSINS 
mardi 11 janvier 2011, 06:15 PM
TORTIONNAIRES ET ASSASSINS

Ci-dessous, les photos des tortionnaires et assassins des quatre militants disparus.


CAPITAINE GENERAL AUGUSTO PINOCHET UGARTE
Puisqu’il est mort en 2006 sans avoir été jugé, le droit m’interdit, sous peine de me faire attaquer en justice par sa famille ou ses partisans, de l’appeler « assassin en chef ». Aussi, appelons-le : « LE CHEF DES ASSASSINS » !
[Capitaine général est un grade que Pinochet a inventé lui-même pour lui-même !]

Les fameuses lunettes noires...

Toujours aussi noires...

Dans son cercueuil salué à la fasciste par ses partisans.


GENERAL JULIO BRADY ROCHE
Commandant de la IIe Division (Centre du pays) et de la garnison de Santiago, donc n° 2 dans la hiérarchie après Pinochet.

En 1973

En 2010

GENERAL JAVIER PALACIOS RUHMAN
N° 3 de la hiérarchie après Pinochet et Brady. Chargé de l’assaut contre le Palais de La Moneda. A envoyé les détenus au camp Tacna.

A gauche, armé et casqué lors de l'assaut sur La Moneda.


GENERAL MANUEL CONTRERAS SEPULVEDA Directeur de la DINA.




BRIGADIER GENERAL PEDRO ESPINOZA BRAVO
N° 2 de la DINA, membre de la Caravane de la mort, donneur d’ordre lors de l’assassinat de George Klein, etc…

En 1980

En prison en 2009


BRIGADIER GENERAL MIGUEL KRASSNOFF MARTCHENKO
Le tortionnaire le plus connu … après Osvaldo Romo,
Il a torturé Erika Hennings et Alfonso Chanfreau

En 1975

En prison en 2009



OSVALDO ROMO MENA
Civil, le tortionnaire le plus connu … après Miguel Krassnoff Martchenko,
Il a torturé Erika Hennings et Alfonso Chanfreau

En 1977

En 2006

COLONEL GERARDO GODOY GARCIA
Colonel de Carabineros (police en uniforme), chef de la Brigada Tucapel de la DINA.

En 1974

En 2005

COLONEL MARCELO MOREN BRITO
Alias El Ronco (le Rauque), tortionnaire d’une rare violence…

En 2009

En 2005

BASCLAY ZAPATA REYES
Faisait équipe soudée avec Osvaldo Romo dans la DINA

En 1980

PAUL SCHAEFFER
Chef de la Colonia Dignidad où a peut-être été emmené Alfonso Chanfreau pour y être torturé…
Décédé en prison en 2009.

En 1990

En 2008


ENRIQUE ARANCIBIA CLAVEL
Civil, représentant de la DINA à Buenos Aires. Impliqué dans la disparition de Jean-Yves Claudet. En prison en Argentine pour l’assassinat du général Carlos Prats.

En 2005


GENERAL RAMIREZ PINEDA
Commandant du camp Tacna d’où ont disparu les 20 résistants du Palais de La Moneda, y compris George Klein.

En 2009

En 1980

RAUL ITURRIAGA NEUMAN
Alias Luis Gutierrez, chef du Département extérieur de la DINA, impliqué dans la disparition de Jean-Yves Claudet.

En 1980

En 2008


JOSE ZARA HOLGUER
Acquitté car impliqué dans aucun des cas du procès.
En 1990, ce militaire avait refusé d’obéir à un ordre du premier président élu après la dictature, Patricio Aylwin, et déclaré au général Pinochet que « Mon corvo –couteau recourbé- est à votre disposition pour éliminer tous les ennemis de la Patrie ! », sous-entendu tous les opposants à Pinochet…

En 1980



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DECLARATIONS DES "GRANDS TEMOINS" 
mardi 21 décembre 2010, 04:43 PM
Audience du jeudi 9 décembre 2010

Déclarations des GRANDS TEMOINS

Dans le cadre du procès, le Président de la Cour accepte d’entendre ce que les plaignants appellent des « grands témoins », ou des «témoins de conscience ». Il s’agit d’éclairer la Cour sur le contexte politique, juridique et éthique chilien et international. Ces témoins déclarent en vertu du « pouvoir discrétionnaire » du Président de la Cour.

M. LOUIS JOINET
(Auteur du « Rapport final sur la question de l'impunité des auteurs des violations des droits de l'homme » aux Nations unies (juin 1997).
Il y a un rapport direct entre dictature et disparitions forcées. Il existe des grands théoriciens de l’organisation de l’oubli.
Il faut faire la différence entre la disparition comme crime individuel et comme crime contre l’humanité. C’est le caractère systématique des disparitions qui fait le crime contre l’humanité. C’est cette situation qui a motivé la création du crime continu qui exige de savoir. Le crime continu n’est élucidé que lorsque l’on sait ce qui s’est passé avec la victime. Ce qui mène à la quasi imprescriptibilité.
Il faut distinguer le droit de savoir du droit de justice, de façon à ce que la certitude de la mort de la victime n’arrête pas la recherche du corps.
LA VALEUR DE CE PROCES EST QU’IL A LIEU !

L’importance du Chili à cette époque est qu’il y a eu une prise de pouvoir par un parti socialiste au moyen d’élections, une première en Amérique latine.
Il y a eu un long vide juridique. Les juristes de l’autre camp disaient que les disparitions n’étaient pas un crime puisque non codifié. La récente « Convention pour la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée », est autant le fruit du travail des familles et des associations que celui des juristes. La disparition est un instrument de terreur envers les personnes non (encore) engagées contre le régime, pour qu’elles n’entrent pas dans l’opposition.

Un nouveau concept a vu le jour : «identifier le commandite » (les chefs hauts gradés), celui qui savait mais n’a rien fait pour l’arrêter.
Il existe aujourd’hui 3 canaux de lutte contre l’impunité dans le cadre de procès en absence : la Convention sur les disparitions forcées, les lois nationales et la Cour pénale internationale.

LA PROCEDURE EN ABSENCE EN FRANCE A ETE MODIFIEE IL Y A QUELQUES ANNEES (2004). Le texte de cette loi se devait d'être identique à un procès équitable. IL L’EST.
De plus, les modifications à notre code pénal qui ont remplacé la "contumace" par la procédure "par défaut" ONT ETE VALIDEES PAR LA COUR EUROPEENNE DES DROITS DE L’HOMME.
L’ARGUMENT DE PROCES NON EQUITABLE N’EST DONC PAS RECEVABLE.

M. STEPHANE HESSEL
Nous sommes préoccupé pour l’évolution lente du droit international. MAIS AUJOURD’HUI, IL FAIT UN PAS EN AVANT, car les crimes impunis pèsent sur la conscience de l’humanité.
Ce qui se passe ici, c’est rendre justice aux victimes mais c’est aussi un progrès du droit international pour les revendications de l’humanité. Ce tribunal fait partie de cette évolution.
UN BOX VIDE INVALIDERAIT LE PROCES ? Il est peut-être vide mais la cause est aussi importante que s’il était plein.


M. ROGER LE LOIRE
(Juge d’instruction du présent dossier pendant plusieurs années à partir d’octobre 1998)
Il raconte les investigations, enquêtes, rencontres, voyages et réception des témoignages au long de ces années avant d’être transféré vers une autre destination et de devoir passer l’instruction à un autre magistrat.
Il raconte comment, invité par lui à répondre à quelques questions sur sa connaissance du Plan Condor, Henri Kissinger a rapidement pris le chemin du retour vers les Etats-Unis… Il répondra plus tard par écrit.
(Rires dans la salle)


Mme MAGDALENA GARCES
(Avocate du Programme des droits humains du ministère de l’Intérieur du Chili)
Il y a eu au Chili des avances et des reculs importants. De 1990 à 98, les procès sont transférés à la justice militaire et il existe une application large de la Loi d’amnistie de 1978.
En 1998, vrai changement, cette situation prend un coup d’arrêt :
- La Cour suprême (CS) annule une décision de la Cour Martiale et ordonne la poursuite de l’instruction.
- La CS statue que le pays était en état de guerre ce qui aurait dû faire jouer les Conventions de Genève.
- L'arrestation de Pinochet à Londres permet de mettre sur pied, en 2000, une « Table de dialogue » qui ouvre un dialogue entre des avocats des droits humains et les Forces armées sur les disparitions. Cela donnera lieu à un Rapport des Forces armées, qui sera d’ailleurs plein d’erreurs ou de fausses informations.
- En 2004, la Cour suprême ordonne les premières arrestations de membres de la DINA et n’applique pas la loi d’amnistie car elle considère la séquestration comme un délit permanent.
- En 2005, la Cour change d’avis dans deux cas de disparus lorsque l’on retrouve leurs corps. Puisqu’il n’y a plus de disparition, la Cour applique la prescription et non l’amnistie, mais le résultat est le même, la libération des auteurs.
- En 2006, la Cour retient le crime contre l’humanité (à Valdivia)
- En 2007, le cas Rivera Matus, nouvelle évolution. La CS commence à appliquer la loi de la demi-prescription, un atténuant qui permet de fortement réduire la prison effective alors que la peine est lourde. Si la demi-prescription porte la peine à moins de 5 ans, on applique la loi du bénéfice de la "bonne conduite" qui peut mener à la mise en liberté sans avoir fait un seul jour de prison…

Au total, 290 agents de l'Etat ont été condamnés mais seuls 51 vont en prison, c’est-à-dire 25 % !
La Cour suprême condamne selon le droit international mais laisse la majorité en liberté, peut-être à titre de sa «participation à la réconciliation » ? Avec la loi de demi-prescription, on prescrit ainsi des crimes théoriquement imprescriptibles.

Une grande dette de la justice est le manque d’enquête sur la participation de civils aux disparitions.

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MON LIVRE SUR LE PROCES 
mardi 21 décembre 2010, 02:25 PM
MON LIVRE SUR LE PROCES

Chères lectrices, chers lecteurs,
Si vous êtes intéressé-e-s à en savoir plus sur le procès, les disparus, les accusés, l’histoire de la détention de Pinochet à Londres puis sur les efforts du juge Guzmán au Chili pour mettre Pinochet en examen, je vous rappelle mon livre intitulé

« Pinochet, le procès de la dictature en France », édition Toute Latitude, Toulouse 2009.

Vous pouvez l’acquérir en le commandant à votre libraire, ou en écrivant à la maison d’édition ou à moi-même, nous vous l’enverrons par courrier. Prix : 17,80 euros poste comprise.

Amicalement,
Jac Forton


Plus d’infos sur ce livre sur mon site : http://jac.forton.free.fr

Mon adresse électronique : jacforton@yahoo.fr
L'éditeur : contact@toutelatitude.com


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